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Scène VII


La Reine, Timocrate, Eriphile, Nicandre, Arcas, Doride, Cléone.

LA REINE.

Et bien enfin, Nicandre,
Après tant de combats il est temps de se rendre ?
Les dieux sans perdre Argos ne pouvoient s’apaiser ?

NICANDRE.

Madame, c’est un mal qu’on ne peut déguiser.
Arcas vous aura dit avec quelle surprise
J’ai d’un accord secret reconnu l’entreprise,
Et que pour animer un grand peuple interdit…

LA REINE.

Je sais qu’on m’a trahie, et cela me suffit.
Si c’est l’arrêt du ciel il faut qu’il s’exécute,
M’ayant placée au trône il en veut voir la chute,
Et je mériterois cet indigne revers
Si j’osois soupirer alors que je le perds.

TIMOCRATE.

Lorsque vous le perdez ? Cessez, cessez, madame,
À de vaines frayeurs d’abandonner votre âme,
Trasille est mon sujet, et n’entreprendra rien
Où votre ordre ne puisse encor plus que le mien,
Et si jusques au bout votre devoir s’obstine,
Pour venger votre époux, à vouloir ma ruine,
Malgré tout mon pouvoir, pour le voir satisfait,
Vous n’aurez seulement à former qu’un souhait.

LA REINE.

Que vous m’offensez, prince, et pour un grand courage
Qu’un pareil sentiment est un sensible outrage !
Ah ! S’il m’étoit permis de vous ouvrir mon coeur
Vous verriez quels combats…