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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/329

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PHILOXÈNE

Mais si d’un noir destin l’implacable rigueur
Par la perte d’un trône achevoit mon malheur ?
Si le Roi, si l’État…

ARAXE

Perdez Sceptre, Couronne,
Les Dieux étant pour vous, il n’est rien qui m’étonne.
Que le sort à son gré cherche à vous éprouver,
Quoi qu’il ose aujourd’hui, j’ai de quoi le braver,
Et vous devez enfin connoître par ma joie
Le surprenant bonheur que le Ciel vous envoie.

PHILOXÈNE

Quel bonheur ?

ARAXE

Il est tel, qu’on n’eût osé prévoir
Qu’à vos vœux sa justice en pût souffrir l’espoir.

PHILOXÈNE

Ce discours est obscur, faites qu’il s’éclaircisse.

ARAXE
, lui donnant un billet.

En croiriez-vous, Seigneur, ce billet de Phénice ?

PHILOXÈNE

Phénice, dites-vous ? Quoi, celle à qui le Roi,
Avant qu’il fût au trône, avoit donné sa foi,
Et dont l’hymen à peine autorisoit la flamme,
Que gagnant un Empire, il perdit une Femme ?

ARAXE

Oui, cette Infortunée entre tous ses Sujets
Qu’Antaléon trois ans tint captive au Palais,
Et qui Femme du Roi, sans se voir jamais Reine,
Finit dans sa prison et sa vie et sa peine.

PHILOXÈNE
lit.

"Ne craignez plus enfin le nom d’Usurpateur.
La mort du jeune Atis vous acquiert la Phrygie.
Le bruit qui le fait vivre est un bruit imposteur,
Puisque par un naufrage il a perdu la vie.
Araxe en est témoin, ce fidèle Sujet,
Qui vous l’est d’autant plus, qu’il feint d’être infidèle,