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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/340

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Philoxène en lui seul montre un brillant amas
De tout ce qu’on admire aux plus grands Potentats,
Et ta main, dont chacun va briguer la conquête,
Ne sauroit couronner une plus digne tête ;
Mais comme un Étranger ne peut selon nos lois,
S’il est né dans le trône, aspirer à ton choix,
Vouloir en sa faveur en violer l’usage,
C’est plonger l’État dans un nouvel orage,
Qui mettant aux Mutins les armes à la main,
Du plus puissant enfin peut faire un Souverain.

ARAXE

Dans ce grand changement son malheur est à plaindre ;
Mais ce n’est pas de lui que l’orage est à craindre.

ROI

Qui pourroit l’exciter lorsque tout m’obéit ?

ARAXE

Anaxaris, Seigneur, que ce revers trahit,
Et qui dans ses desseins n’aura rien qui l’étonne,
S’il se voit arracher l’espoir d’une Couronne.

ROI

Tu connois mal, Araxe, un cœur comme le sien.
Il est trop généreux pour entreprendre rien,
Et si l’ambition est ce qui l’inquiète,
Par l’hymen de ma sœur elle est trop satisfaite.

ARAXE

Le rang dont il l’assure a toujours un défaut,
Il est bien élevé, mais le trône est plus haut.

ROI

Qui fait naître en ton cœur ce soupçon qu’il déploie ?

ARAXE

Ce que vous avez vu qu’on a montré de joie,
Lorsque parmi le peuple on a su qu’aujourd’hui
Vous portiez Philoclée à s’expliquer pour lui.
On voit de puis longtemps sa faveur confirmée
Disposer du Palais ainsi que de l’Armée.
Par là, de quoi qu’il ose il peut venir à bout,
Et pour régner, Seigneur, qui peut tout, ose tout.