Ah, qu’ils sont doux au mien, quelques maux qu’il endure,
Ces précieux témoins d’une ardeur toute pure !
Mais las ! Puis-je sans crime en goûter les appas ?
Je me vois malheureux si vous ne l’êtes pas,
Et tel est le destin qui nous perd l’un et l’autre,
Que mon plus grand bonheur est de troubler le vôtre.
Sois sûr, si mes ennuis soulagent ton malheur,
Que mon dernier soupir marquera ma douleur.
Je sais qu’après deux ans d’un aveugle service
Borner là ton espoir c’est peu pour Bérénice,
Mais à jeter les yeux sur ce que je me dois,
C’est peut-être beaucoup pour la fille d’un Roi.
Ô constance ! Ô vertu qui plus elle redouble…
Aux yeux d’Anaxaris il faut cacher mon trouble.
Adieu ; souffre, aime, et crois qu’en un si beau dessein,
Mon cœur te venge assez du refus de ma main.
Scène IV
Mon abord est suivi d’une étrange disgrâce,
S’il porte Bérénice à me quitter la place.
Avant que de vous voir son destin étoit pris.
Je ne demande point si ses vœux sont remplis,
Le Ciel lui donne lieu d’être assez satisfaite.
Plus qu’on ne croit peut-être, et que l’on ne souhaite.