Scène VI
Ma sœur, nos Factieux ont osé s’expliquer.
L’intérêt de l’État par d’injustes alarmes
Les avoit obligés à recourir aux armes,
Et présumant déjà qu’au mépris de nos lois
J’élevois Philoxène au trône de leurs Rois,
Chacun pour son pays croyoit montrer son zèle,
À prendre avidement le titre de Rebelle.
Quoi donc ? Par tant d’exploits qui le font redouter,
Un Héros tel que lui n’a pu rien mériter ?
Le Peuple seul agit, mais encor qu’il déguise,
Et le rang et le nom des Chefs de l’entreprise,
Il n’auroit rien osé si pour leurs intérêts
Les Grands à l’appuyer n’avoient paru tout prêts.
Pour former ce tumulte, oserai-je vous dire,
Seigneur, qu’Anaxaris lui seul a pu suffire ?
Araxe dans mon âme avoit déjà porté
Quelque foible soupçon de sa fidélité ;
Mais contre nos Mutins, loin que mon choix le gêne,
On l’a vu hautement agir pour Philoxène,
Et faire ses efforts à leur persuader
Qu’à qui mérite tout les lois doivent céder.
Pour mieux cacher l’orgueil d’une folle espérance
Il prend d’un beau dehors la trompeuse apparence ;