Oui, Seigneur, n’imputez cette indigne action,
Qu’aux transports inquiets de son ambition,
Mais ce qui me confond dans sa lâche entreprise
C’est de voir qu’en effet le Peuple l’autorise,
Seule, et sans rien prévoir d’un si cruel destin,
J’avois accompagné la Princesse au jardin,
Quand suivi seulement d’une assez foible escorte,
Il la force à sortir par une fausse porte,
Où sitôt qu’il paroît j’entends pousser des cris.
De, vive Bérénice, et vive Anaxaris.
Quoi, d’un crime si noir tout le Peuple est complice ?
De son tumulte enfin je comprends l’artifice.
Il étoit concerté pour tirer du Palais
Ce qu’il eût pu trouver d’obstacle à ses projets.
Une seconde fois allons voir si sans peine…
Seigneur, espérez tout du vaillant Philoxène.
Revenant par bonheur avec quelques Soldats,
À ces cris vers le Traître il a tourné ses pas,
Et sans rien voir de plus, dans l’ardeur de mon zèle
J’ai cru vous en devoir la première nouvelle.
Il ne peut sous le nombre éviter de périr.
Contre un Peuple mutin courons le secourir.
Vous exposez vous-même à son lâche caprice ?