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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/368

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jeter,
Dans l’instant qu’à mes yeux notre Vaisseau se brise,
Le vent rompant le câble aide mon entreprise ;
Mais avec tant d’effort, qu’emporté dans les flots
J’en fus jeté mourant dans l’Île de Lesbos.
Là, du destin d’Atis n’ayant pu rien apprendre,
Je crus sa mort certaine.

BÉRÉNICE

Ô Ciel, daigne m’entendre.

CLÉOPHIS

Cette boîte peut-être…

ARAXE

Ah, qu’est-ce que je vois ?
Elle emporte au-dedans le Portroit du feu Roi.

CLÉOPHIS

Un Portrait ?

ARAXE
, ouvrant le boîte.

Elle s’ouvre, en faut-il davantage ?
Il la portoit, Seigneur, quand nous fîmes naufrage.

ROI

Ah, vous êtes Atis.

PHILOXÈNE

Croirai-je ce rapport,
Et n’est-ce point encore un nouveau jeu du sort ?

CLÉOPHIS
,à Philoxène.

Vous supposez, Seigneur, c’étoit vous en défendre,
Il vous ôtait un Sceptre, et j’osois vous le rendre.

ROI

Ô succès étonnant qui me rend malgré moi
L’injuste Usurpateur du trône de mon Roi !
Si toutefois Araxe eût conçu moins d’alarmes,
De me voir contre un lâche avoir recours aux armes,
Dès lors sans rien prétendre, Antaléon vaincu
M’auroit vu vous remettre au rang qui vous est dû.
Je n’y résiste point, régnez, le Ciel l’ordonne.

PHILOXÈNE

Que dites-vous, Seigneur ? Ah, gardez la Couronne,