Tant qu’a vécu sa Femme, on a vu la prudence
De ses emportements régler la violence,
Et peut-être à mon tour sur ce farouche esprit,
Si je tiens même rang, j’aurai même crédit.
En effet, sa fureur au meurtre toujours prête
Des meilleurs Citoyens n’a pas proscrit la tête,
Et nous n’avons pas vu ce cruel Empereur
Tremper dès lors ses mains dans le sang de sa sœur ?
De cette indigne sœur l’orgueilleuse manie
D’un injuste attentat fut justement punie.
Lucilla conspirant crût trop sa passion,
Et sa mort étoit due à son ambition.
Ce sont belles couleurs pour fuir un juste blâme ;
Mais qui perd une sœur peut bien perdre sa Femme,
Et sur quelques soupçons, si j’en crois un bruit sourd,
L’Impératrice même eut un destin bien court.
Sur ces soupçons, ma sœur, vous poussez loin le vôtre ;
Mais le destin d’autrui ne règle pas le nôtre,
Et fût, le précipice ouvert de toutes parts,
Il est beau de périr au Trône des Césars.
Ce grand titre pour lui n’est plus qu’une ombre vaine.
Tel un Gladiateur il descend dans l’Arène,
Et jaloux de cet Art qu’il croit justifier,
Dans ce vil équipage il veut sacrifier.
Avec sa lâche Troupe il doit aller au Temple ?
Je lui fis voir dès hier ce dessein sans exemple,
Mais comme en son pouvoir il en trouve l’aveu,
Qui veut le partager doit le combattre peu.
Au moins si je tenois cette gloire si chère,
Dans son retardement j’aurois peine à me taire,