S’il faut pour l’Empereur en croire votre haine,
Et vous l’en plaignez trop, pour voir d’un œil jaloux
Que l’éclat de son choix ne tombe pas sur vous ;
Mais dans un noir chagrin votre âme ensevelie
Ah, cruelle
Si tu vois que son nom étonne ma vertu,
Qu’il la fait chanceler, pourquoi le nommes-tu ?
Si j’avois su prévoir qu’il eût dû vous déplaire…
Après ce que tu sais je n’ai plus rien à taire,
Et ton adresse en vain cherche à dissimuler
Qu’elle ait lu dans mon cœur ce que j’ai cru celer.
Au nom de ce grand homme un sentiment trop tendre
M’a surpris un soupir que je t’ai fait entendre.
Hé, qui n’a pas encore appris jusqu’à ce jour
Qu’un soupir de tendresse est un soupir d’amour ?
Quoi, vous aimez
Oui, j’avoue à ma honte,
Que malgré moi je cède au feu qui me surmonte ;
Mais quand un vrai mérite a droit de nous charmer,
Peut-on se voir aimée et refuser d’aimer ?
Ce fut après l’éclat d’une indigne victoire
Que m’étant venu faire hommage de sa gloire,
Ma foiblesse avoua cet illustre Vainqueur
D’achever son triomphe en captivant mon cœur.
Dans un trouble inquiet ayant su me surprendre,
Je n’examinai rien de peur de m’en défendre.
Il soupira pour moi, j’écoutai ses soupirs,
Et déjà dans ses vœux assuré de me plaire,
Il ne lui manquoit plus que l’aveu de mon Père,