Seigneur, de quelque orgueil que je sois soupçonnée,
Je me souviens toujours de ce que je suis née,
Et je rendrai sans cesse au rang que vous tenez
Les plus profonds respects qui lui soient ordonnés ;
Mais l’obligation de cette déférence
D’un devoir plus étroit n’a rien qui me dispense,
Et la sévérité de ses plus rudes lois
N’oppose aucun obstacle à ce que je me dois.
Je le connoîtrois mal si pour oser vous croire
À ma crédulité j’abandonnois ma gloire,
Et souffrois que par moi Pertinax abusé
À de nouveaux affronts fût encor exposé.
Dans l’éclat, dont son nom par ses actions brille,
Mon avantage seul est de me voir sa Fille,
Si vous l’y dédaignez, que feriez-vous en moi ?
Si ce foible scrupule alarme encor votre âme,
Puisque pour l’étouffer il a dû vous offrir
Ces soins à reculer toujours mon hyménée
De trop d’engagement marquoient ma foi gênée ;
Mais n’appréhendez point qu’un feu trop inconstant
Dérobe à votre espoir la gloire qu’il prétend ;
Avant que de céder, avant que de me rendre,
J’ai longtemps contre vous tâché de me défendre,
Mais je me vois contraint d’avouer mon vainqueur,
Et je lui viens offrir et mon Trône et mon cœur.
L’un est à vous déjà ; pour vous assurer l’autre
L’hymen peut dès demain unir mon sort au vôtre.
Consentez-y, Madame, et dans des vœux si doux,
Faites un peu pour moi quand je fais tout pour vous.
Vous faites trop, Seigneur, et je serois injuste
Si j’osois abuser un Empereur auguste,