Et que ce fier Objet qui m’a trop su charmer
Achève, ou de m’aigrir, ou de me désarmer.
Quand je lui donne un Trône, attenter sur ma vie !
L’ingrate ! Mais hélas ! C’est bien plus de rigueur
Qu’oser encor ensuite attenter sur mon cœur.
Il a beau se résoudre à prononcer contre elle,
S’il la connoît coupable il la voit toujours belle,
Il cède à des attraits qu’il ne peut soutenir,
Et punissant son crime il craint de se punir.
Ce crime veut sans doute une pleine vengeance,
Mais on la peut, Seigneur, trouver dans la clémence,
Et l’âme abandonnée à ses remords secrets
A toujours son supplice et ses bourreaux tout prêts.
Ce sexe en sa fureur n’est qu’un moment à craindre.
Comme un premier transport fait tout ce qu’il résout,
Il n’examine rien pour entreprendre tout,
Et sa foible prudence à ses conseils réduite
Perd ses plus grands projets, ou les laisse sans suite.
Non,
Engage plus de cœurs qu’il n’a montré de bras.
Le coup qu’à d’autres mains ils auront cru remettre,
Et selon son transport croyant l’exécuter,
Fait avorter la trame à la précipiter.
Peut-être que ma mort où l’inhumaine aspire
Ouvroit à quelque Amant un chemin à l’Empire ;
Et que d’un attentat pour le Trône entrepris
Ce cœur qu’on me refuse étoit l’injuste prix.
Ah, c’est mon désespoir, si méprisant ma peine
Son amour pour un autre aigrit pour moi la haine.
C’est là, c’est ce qu’en vain je voudrois pardonner.
Je sais trop entre nous qui je dois soupçonner ;