Parle, parle, de toi j’aime à tout écouter.
L’espoir sur sa parole a trop su vous flatter.
Quoi qu’il vous ait promis je lis dans sa pensée ;
Pour vous perdre, il suffit qu’il vous ait offensée,
Et que dans sa maxime on aide à se trahir
Lorsqu’on peut pardonner à qui nous doit haïr.
Et que voudrois-tu faire en cette défiance ?
Céder, et par la suite éviter sa vengeance.
Puisqu’en secret sa haine y devant consentir,
Un prompt éloignement nous en peut garantir.
Quoi, pour remède aux maux où tu me feins réduite,
Tu n’imagines rien de plus beau que la fuite,
Et mon cœur doit trouver plus de gloire aujourd’hui
À fuir avecque toi, qu’à régner avec lui ?
Tu ne vois rien alors à craindre pour ma vie,
Et je suis au hasard de perdre enfin le jour
Sitôt qu’avec le Trône il me rend son amour ?
Prends, prends les sentiments d’un cœur plus magnanime ;
En renonçant au mien, aspire à mon estime,
Et tâche à mériter que pour venger ma foi,
Je me sois abaissée à jeter l’œil sur toi.
Ah, Dieux ! Pour m’outrager avec plus d’injustice
Voulez-vous être aveugle au bord du précipice,
Ne l’attire pas plus sur elle que sur vous ?
Quoi qu’ait pu déguiser sa haine impitoyable,
Son crime auprès de lui rend tout son sang coupable,
Et vous, et Pertinax du même coup frappés,
Dans sa punition serez enveloppés.