Si quelqu’un dans ma Cour pouvoit t’aimer sans crime,
L’espoir dans Mégabise étoit plus légitime,
Mais il s’en crut indigne, et pour s’être connu
Il obtiendra le prix qu’il n’eût pas obtenu.
Puisque jusqu’à se taire il a pu se contraindre,
De son ambition je n’aurai rien à craindre.
Obéis sans réplique, et songe dès demain,
Pour m’ôter tout scrupule, à lui donner la main.
Ah, Seigneur, s’il est vrai…
Redoute ma colère,
Je n’ai fait qu’abaisser l’orgueil d’un téméraire,
Et de ce qu’on lui doit le criminel abus
Pour sa punition n’a souffert qu’un refus ;
Mais demain à l’hymen si tu n’es toute prête,
Souviens-toi de son crime, et tremble pour sa tête.
Scène III
Madame, le malheur qui détruit votre espoir…
Hélas ! Barsine, hélas ! Peux-tu le concevoir,
Si mon cœur que confond ce revers effroyable,
Ne s’ose examiner sur tout ce qui l’accable,
Et d’un Père indigné redoutant la fureur,
Pour sentir trop son mal, n’en connoît pas l’horreur ?
C’est donc peu que cédant à ma disgrâce extrême
Ce cœur, ce triste cœur, s’arrache à ce qu’il aime,
C’est peu de cet effort, si contraint d’obéir
Lui-même il ne se livre à ce qu’il doit haïr.