Contre nos Factieux qui prendroit sa défense ?
Mais sur quoi puis-je encor fonder quelque espérance ?
Sur ce grand Peuple ému, qui par un noble effort
Voudra de Darius qu’on respecte le sort.
Alors sans craindre rien vous vous ferez connoître.
Quoi, si dans le péril j’évite de paroître,
Lorsque pour Mégabise il l’aura fait cesser
Ce Peuple contre lui voudra s’intéresser ?
Ne pouvant de mon nom justifier la gloire
Je trouverai les cœurs disposés à me croire,
Sans qu’on puisse penser que mon sort déclaré
Cherche par l’imposture un bonheur assuré.
Non, non, Madame, non ; que Mégabise espère,
Quoi qu’il puisse arriver c’est à moi de me taire,
Son sort par mon aveu vient d’être confirmé.
Un scrupule si vain vous tient trop alarmé.
Si vous m’eussiez laissé découvrir ma naissance,
J’eusse pu mettre Ochus et la Perse en balance ;
Mais par un vif refus de hasarder mon sang
Avoir à Mégabise abandonné mon rang !
Vous l’avez bien voulu, je ne m’en puis dédire.
Ne jugez point si mal du zèle qui m’inspire,
Les Dieux dans mes desseins sauront me seconder.
Mais reprendrai-je un nom que je viens de céder ?
Laissons agir le Peuple avant que dans résoudre,
Vous verrez que de tout le temps saura m’absoudre,
Et que loin qu’à vos vœux l’espoir soit défendu,
Pour vous et pour le Roi j’ai fait ce que j’ai dû.