Scène II
Et bien, Zénon vient-il ?
On va vous l’amener,
Seigneur, et Mutian s’est chargé de le prendre
Où lui-même au jardin a promis de se rendre.
Sans en savoir la cause il doit secrètement
Le conduire de là dans cet appartement,
Où nous le forcerons, quel qu’en soit le mystère,
D’expliquer hautement ce qu’il a voulu taire.
Ainsi coupable ou non, seigneur, vous l’allez voir,
Sans que les conjurez en puissent rien savoir,
Et quand même sur l’heure ils le pourroient apprendre,
En vain à force ouverte ils voudroient entreprendre,
J’ai su prévoir à tout, et mes ordres secrets
M’assurent de la ville ainsi que du palais.
Ô zèle qu’à jamais il faudra qu’on admire !
Une seconde fois je te devrai l’empire.
Tes soins dans mon enfance à maintenir mes droits
M’avoient su conserver le rang où je me vois ;
Par eux Rome toujours respecta mon peu d’âge,
Et maintenant qu’un traître à conspirer s’engage,
La même ardeur encore t’intéressant pour moi…
Mais je vais mieux savoir tout ce que je te dois,
J’aperçois Mutian.
Ciel ! De quelle disgrâce
Par un retour si prompt reçois-je la menace ?
Peut-il au rendez-vous s’être déjà trouvé ?