Et leur foible vertu les laissant soupçonner,
Ne fut jamais en eux un crime à pardonner.
Vous pouvez me punir sans que j’ose m’en plaindre ;
Mais ce crime est le seul dont j’ai la honte à craindre,
Et tout ce que mon cœur dépose contre moi,
C’est d’avoir mis mon maître en doute de ma foi.
Quelle fureur aveugle à nier t’intéresse ?
Va, si tu crains qu’en tout la vérité paraisse,
Que ton aveu trop loin étendit le forfait,
Confesse-toi coupable, et je suis satisfait.
Pour percer les motifs d’une telle injustice
Je n’examinerai ni témoin ni complice,
Tu choisiras ta peine, et pour t’en garantir,
Il ne te coûtera qu’un simple repentir.
L’apparence m’accuse, et vous la pouvez croire ;
Mais n’ayant jusqu’ici vécu que pour la gloire,
Ce cœur, dont la vertu régla tous les efforts,
N’a point à redouter la honte du remords.
Et bien, si je ne puis abaisser ton courage
Au remords d’un forfait dont tu chéris la rage,
Si pour toi l’attentat est toujours plein d’appas,
Confesse-le du moins pour ne te perdre pas.
J’en vois par tout l’aveu qui confond ton audace ;
Mais je le veux de toi pour t’accorder ma grâce.
Ne la refuse point, elle est en ton pouvoir.
Qui n’est point criminel ne la peut recevoir.
Convaincu par Felix, tu démens ton complice ?
Le temps de l’imposteur fera voir l’artifice.
Et ceux dont ton adresse a suborné l’appui
Vont être en t’accusant imposteurs comme lui ?