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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/161

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Ah, songez…

Sinorix.

Non, Madame, il y va de ma gloire,
Souffrez à mon amour cette juste victoire ;
Je sais que résister lorsque vous commandez
C’est trahir le respect que vous en attendez,
Mais je dois à mon rang pour punir la Princesse,
Ou le sang d’un perfide, ou l’hymen que je presse.
Si mon bonheur trop prompt a de quoi vous gêner
À son lâche destin daignez l’abandonner ;
Il ne vaut pas, l’ingrat, que par reconnoissance,
Vous vous fassiez pour lui la moindre violence,
Ni qu’il coûte à ce cœur qu’ont charmé vos appas
Le pressant déplaisir de ne vous céder pas.
Mais enfin c’est en vain que l’amour m’y convie,
Votre main seule a droit de racheter la vie,
Et vous pouvez choisir, si ce prix est trop haut,
De monter sur le trône, ou lui sur l’échafaud.
C’est de quoi j’attendrai la réponse certaine.
Qu’on se tienne éloigné par respect pour la Reine.
Je le laisse avec vous afin que ses avis,
S’ils flattent vos souhaits, puissent être suivis.


Scène IV


camma, sostrate

camma.

Sous quel voile trompeur le lâche se déguise !
À me tyranniser sa gloire l’autorise,
Quand il m’arrache l’âme, il agit par vertu ?
Ah, Sostrate, Sostrate, à quoi me réduis-tu ?

Sostrate.

À daigner, pour le prix de l’amour le plus rare,
Avouer mon destin de l’heur qu’il me prépare,