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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/259

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Mais je doute, Seigneur, si ce seroit un crime
D’avoir encor pour lui quelque reste d’estime,
Et de se hasarder à juger un peu mieux
Du secret intérêt qu’il prend aux factieux.

maximian.

En vain votre pitié veut être son refuge.
Qui se trouve innocent n’a jamais craint son Juge,
Et suspect d’une lâche et noire trahison,
Lui-même il se condamne en quittant sa prison.
C’est peu si Martian ne seconde sa fuite,
Martian qui du crime eut l’entière conduite,
En garda le secret, et qui seul aujourd’hui
Aurait pu nous servir de témoin contre lui.
Pour qui doit recourir à sa seule innocence,
Trouver lieu d’évader c’est trop d’intelligence.
Seigneur, encor un coup craignez-en les effets,
Il peut tout sur le Peuple, il peut tout au Palais,
Il excite à son choix et calme la tempête,
Et quand sa perfidie en veut à votre tête,
En prévenir la rage avec tant de langueur,
C’est pousser le poignard qui vous perce le cœur.

constantin.

Ainsi tout prêt à voir l’entreprise détruite,
De Martian Licine a pratiqué la fuite ?
C’est par lui que ce Traître est hors de mon pouvoir ?

maximian.

Lui-même par la sienne il vous le fait trop voir.
Ne craignant rien d’ailleurs dans l’horreur des supplices,
Il laisse entre vos mains tous les autre Complices.
Martian au remords avoit déjà cédé,
Lui seul l’eût convaincu, lui seul est évadé.

constantin.

D’autres témoins peut-être auront peine à se taire,
Voici Maxime.