Que par ses Ennemis les Factieux émus
Donnèrent sa Couronne à Néoptolémus,
Que ce Prince affligé périt pour sa défense,
Et que du nouveau Roi redoutant la puissance [190]
On sut agir si bien, qu'au berceau conservé,
Chez le Roi Glaucias Pyrrhus fut enlevé.
Chacun sait qu'Androclide, à vos destins contraire,
Au milieu de sa fuite arrêta votre Mère,
Qu'aux lois du nouveau maître il la fit obéir ; [195]
Mais si par cet outrage il osa la trahir,
Ses soins à ménager l'hymen de la Princesse
Font trop voir pour Pyrrhus quel zèle l'intéresse,
Puisque c'est par lui seul que l'accord terminé
Le rétablit au trône où ce Prince était né. [200]
Pour estimer ce zèle, apprends à le connaître
Tel qu'en son coeur la gloire a su le faire naître.
Le Roi mort, et la Reine étant grosse de moi,
Le sort du seul Pyrrhus lui donne de l'effroi.
Il n'avait que six mois, et le sage Androclide [205]
Rassurant en secret son âme trop timide,
Par un échange offert, pour ne hasarder rien,
Consent à faire fuir son fils au lieu du sien.
On l'accepte, et Pyrrhus, pour qui le Ciel conspire,
Comme fils d'Androclide est nourri dans l'Épire, [210]
Tandis que sous son nom chez le Roi Glaucias
Au péril de ses jours on enlève Hippias.
Quoi, Madame, Hippias...
Est Pyrrhus, est mon frère.
Juste ciel ! Et Pyrrhus ?
Androclide est son père,
Qui pour mieux déguiser ce qu'entreprit sa foi, [215]
Arrête, et livre enfin la Reine au nouveau Roi.