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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/355

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persée

Je le sais, cher Didas, et voudrois encor feindre
Si ses emportements ne m’offroient tout à craindre.
Tant que sa jalousie a respecté mes jours,
J’ai traité de mépris ses insolents discours.
J’ai vu sans m’émouvoir qu’il ait avec audace
Publié que par lui le Sénat nous fit grâce,
Et qu’à la Macédoine à son choix malgré moi
Rome peut-être un jour saura donner un Roi.
Mais enfin aujourd’hui qu’une fureur ouverte
Le fait obstinément s’attacher à ma perte,
Pour en rompre le cours, c’est le moins que je puis
Que d’avertir le Roi du péril où je suis ;
Et de peur que l’ennui dont mon âme est atteinte
Ne me force à mêler trop d’aigreur à ma plainte,
Respectant des devoirs où je le vois manquer,
J’emprunte votre bouche afin de l’expliquer.
Votre propre intérêt à parler vous convie ;
Le rang que vous tenez hasarde votre vie,
Et le Prince ne peut achever ses desseins
Qu’il ne punisse en vous l’Ennemi des Romains.
Vos généreux conseils à sortir d’esclavage
Pour ces chers Favoris lui donnent de l’ombrage,
Et sans doute il vous hait d’oser trop soutenir
Un trône que sans eux il ne peut obtenir.

didas

Contre leur fier orgueil tant qu’on me voudra croire,
De ce trône, Seigneur, je soutiendrai la gloire,
Et ne les verrai point s’établir à leur choix
Arbitres souverains des différents des Rois.
Il est temps après tout qu’une éclatante guerre
Nous fasse enfin braver ces Tyrans de la terre,
Et que nous acceptions d’un esprit moins soumis
L’avantage honteux qui nous rend leurs amis.

persée

Ce glorieux projet charme tout mon courage,
Mais le Prince pour nous leur sert toujours d’otage,