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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/364

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Scène V


Érixène, Démétrius, Phénice.

érixène

Ah, Prince, il n’est plus temps d’opposer à l’orage
L’illustre fermeté d’un généreux courage,
Dans le pressant péril qu’il force à redouter
Ce n’est qu’en lui cédant qu’on le peut éviter.
Persée au désespoir de cette préférence
Qu’emportent vos vertus sur l’heur de sa naissance,
Blessé de leur éclat, s’en forme contre vous
Tout ce qui peut aigrir l’esprit le plus jaloux.
Le Peuple ici vous aime, et Rome vous estime.
Si c’est gloire pour vous ce n’est pas moins un crime,
Et ce crime est de ceux dont par la trahison
Un lâche ambitieux se peut faire raison.

démétrius

Madame, je sais trop jusqu’où la jalousie
Porte l’indigne ardeur dont son âme est saisie,
Et que pour me noircir il répand en tous lieux
Ce que la calomnie a de plus odieux ;
Mais qui d’un noir dessein se connoît incapable,
Dans un autre jamais ne le trouve croyable,
Et si mon frère…

érixène

En vain vous voulez vous flatter,
Sa haine avecque moi vient encor d’éclater.
De ses vœux mal reçus l’injurieuse audace
En a poussé l’aigreur jusques à la menace,
Et pour porter le coup prêt à lever le bras,
J’ai découvert qu’il cherche à corrompre Didas.