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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/45

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Scène VIII.

D. FERNAND, ISABELLE, BÉATRIX.
D. FERNAND.

À voir quelles bontés d’abord, sans me connoître
Vous avez bien voulu me faire ici paroître,
J’ai lieu de présumer que la peine où je suis
Vous rendra favorable à finir mes ennuis.
C’étoit pour moi sans doute une disgrace extrême
D’aimer avec excès, & d’ignorer qui j’aime,
Mais, d’un plus rude sort j’ai tout à redouter,
Si, par votre secours, je ne puis l’éviter.

ISABELLE.

En vain à vous cacher votre esprit s’étudie.
De grace, jouez-vous ici la comédie,
Ou si vous prétendez que, pour votre intérêt,
Mon esprit soit brouillé comme le vôtre l’est ?

D. FERNAND.

Madame, où trouvez-vous que ce soit frénésies…

ISABELLE.

Oui, sans doute, il vous faut des douceurs mieux choisies ;
Et la pauvre abusée, à qui vous en contez,
Pour vous croire honnête homme, a de grandes clartés.
Certes, votre méthode est galante & nouvelle.
Pour moi Dom Dionis, & Dom Fernand pour elle ?
Ce rare expédient à vous mettre en crédit,
D’aucun autre avant vous n’avoit frappé l’esprit ;
Et ce sont en amour de subtiles adresses,
Que prendre autant de noms que l’on fait de maîtresses.