Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/124

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Enfin donc il venoit vous chercher,

Et, m'ayant aperçue, il m'a fait la peinture

De je ne sais quels maux que pour vous il endure,

Que depuis qu'il vous voit il languit nuit et jour,

Et que si je n'avois pitié de son amour...

A ce nom j'ai crié furieuse, en colère,

Ainsi que vous m'avez appris qu'il falloit faire.

II m'a toujours pressée, et moi j'ai toujours dit

Que sans doute il falloit qu'il eût perdu l'esprit.

Que vous oser parler pour lui ni pour personne

C'étoit... Il vous dira si pour vous je raisonne.

Il m'a dit que, sachant votre tempérament,

Il ne vous falloit pas presser ouvertement,

Mais qu'au moins on pouvoit de loin vous faire entendre

Que vous étiez encor dans un âge assez tendre,

Qu'aussi fraîches que vous peu se feroient prier

Pour choisir un brave homme et se remarier,

Et que, selon l'humeur où je vous verrois être,

Je servirois sa flamme et la ferais connottre.

Alors, je l'avouerai, c'est à quoi j'ai manqué.

Sensible à l'air touchant dont il s'est expliqué,

J'ai promis sans penser pourtant faire un grand crime

Que, puisque son amour étoit si légitime,

Qu'il m'en peignoit le feu si plein d'ardeur...

La tante

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