Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/132

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Quoi! vous seriez la tante?

La tante

Moi-même.

La montagne

Je ne sais si le diable me tente,

Mais je sais qu'il méfait vouloir que cela fût.

Ah ! quel plaisir alors de s'aimer but à but !

Car ne pouvant causer un mal de cœur extrême,

Tel qu'on l'auroit pour vous, vous l'auriez tout de même»

Mal de cœur en amour est un drôle de mal.

Mais qui de notre tante est donc l'original?

Sans railler est-ce vous?

La tante

Je ne suis point surprise

De vous voir affecter exprès cette méprise ;

Vous êtes obligeant, et me voulez flatter.

La montagne

Non, ma foi, j'enrageois d'avoir lieu de douter ;

Et déjà je songeois à trouver quelque adresse

Pour planter là la tante et donner sur la nièce.

La tante

Ma nièce est-elle si...

La montagne

Chacune vaut son prix, Mais enfin,,.

Angélique bas à Lisette.

Est-il fou de s'être ainsi mépris ?

Lisette

Le beau jeune seigneur ! qu'il est bien fait !

La montagne

Ma mère

A pris aussi, dit-on, grand plaisir à me faire,

Et je m'en suis senti, car certain air gaillard

Que j'ai d'elle hérité me rend tout égrillard.

Je vous divertirai, belle tante. Ah! ma nièce!

Il faut céder, la tante est la même jeunesse,