Si l'on trompe vos feux c'est pour vous secourir.
Ah ! qu'il vaudroit bien mieux qu'on me laissatpérir!
Tu dis que cet hymen lui tient lieu de supplice,
Qu'elle fait en tremblant ce triste sacrifice;
Qu'au baron à regret elle donne la main?
Plaignez-moi; mon malheur, Oronte, est trop certain;
Vous le savez, pour moi l'hymen est une peine,
Par pitié de vos feux j'étouffois cette haine ;
Et pour vous garantir d'un infâme trépas
Il me faut épouser ce que je n'aime pas;
Me livrer au baron.
Au baron! Ah, madame!
Que de douceurs, hélas ! va perdre votre flamme !
La mienne chaque jour, si l'hymen nous eût joints
Eût charmé votre cœur par mille tendres soins,
Je vous aurais chéri, témoigné...
Quelle rage!
Ah ! Pourquoi n'étiez-vous pas plus sage?
Pour la sœur du baron, quoiqu'elle eût de charmant?
Falloit-il de vos feux croire, l'emportement?
S'y trop abandonner, n'en prévoir pas la suite ?
Personne ne veilloit dessus notre conduite:
Hors une vieille tante à tous momens au lit,
Rien ne meltoit obstacle au feu qui nous surprit ;
La belle d'un coup d.'œil forçoit tout à se rendre ;
Je n'étois pas de marbre, elle avoit le cœur tendre ;
Cent faveurs m'assuraient d'un amour mutuel.
Madame, était-ce. à moi de faire le cruel ?