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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/270

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Qu’aux mains de mes Tyrans m’étant vu sans secours,
Je leur eusse laissé quelque droit sur mes jours ?
Cet anneau m’a fourni de quoi ne les pas craindre,
Je meurs empoisonné.

Nicomède

Dieux !

Annibal

Gardez de me plaindre,
Avecque trop d’éclat j’ai su remplir mon sort
Pour vous donner sujet de regretter ma mort.
Vivez pour haïr Rome, et maîtres de vos vies,
Si d’un jaloux destin elles sont poursuivies,
Envisageant toujours sa rigueur sans effroi,
Bravez la tyrannie, et mourez comme moi.

Élise

C’en est fait, il expire. Ah, Seigneur !

Nicomède

Ah, Madame,
Que d’ennuis à la fois s’emparent de mon âme !
Allons en Bithynie, et pour nous soulager,
Faisons-y tout servir au soin de nous venger.