Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/282

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Carlin

Sans Monsieur le Marquis j’étois sec, autant vaut.

Le Marquis

Oyez.

Le Chevalier

Mon peu de bien vous semble un grand défaut.
Toujours sur ce reproche ; et ne peut-il pas être…

Le Marquis

Mon nom vous fait honneur, on me l’a fait connoître,
Il pourra vous servir à duper un bourgeois.
L’alliance d’Anselme, est dit-on, votre choix ;
Vous muguetez sa fille, elle a de quoi vous plaire,
Et quand ce ne seroit que les grands biens du père,
Pour qui n’a pas de pain à mettre sous les dents,
C’est un trait de beauté des plus accommodants.

Le Chevalier

Puisque malgré moi-même on a lu dans mon âme,
Il est vrai, mon dessein est de prendre une femme,
Et comme Anselme est riche, et qu’il manque d’appui,
Ma naissance m’a fait espérer tout de lui.
La sienne, je l’avoue, est basse et fort commune.

Le Marquis

Ce n’étoit qu’un maraud, mais il a fait fortune ;
Puisqu’il a du douzain, il est démaraudé.
Sait-il votre amour ?

Le Chevalier

Non, c’est un secret gardé.
Mais quand il l’apprendra, veuillez ne me pas nuire,
Forcez-vous…

Le Marquis

Laissez-moi cette affaire à conduire.
Moi parlant, moi faisant la demande pour vous,
Je crois qu’il recevra cet honneur à genoux.
Un faquin qu’on a vu petit clerc de notaire,
D’un cadet de Marquis devenir le beau-père,
S’allier des Lorgnacs, peste !