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Scène III


Olimpe, Lucrèce

Olimpe

Le chagrin de l’absence est cruel quand on aime,
Cousine, je te plains.

Lucrèce

Il doit sitôt cesser,
Que je n’aurai pas trop le loisir d’y penser.
D’ailleurs, j’ai tant de part à prendre dans ta joie…

Olimpe

Tu m’aimes, et je sais ce qu’il faut que j’en croie.
Mais que t’a dit Oronte ? Il a vu le Marquis.

Lucrèce

Que sert de te parler, si ton dessein est pris ?
Il te plaît, c’est assez.

Olimpe

Mais quoiqu’il m’ait su plaire,
Si tu m’ouvrois les yeux…

Lucrèce

Vois-tu ? Je suis sincère,
Et le te dirois plus que tu ne dois savoir.

Olimpe

Quels défauts a-t-il vus ?

Lucrèce

Tout ce qu’on en peut voir,
Une vanité sotte, un esprit ridicule.

Olimpe

Ah, pour l’esprit, permets que je sois incrédule,
Je m’y connois un peu ; pour quelque vanité
C’est un vice ordinaire aux gens de qualité,
Et peut-être est-il bon, quoi que le monde en cause,
De croire quelquefois que l’on vaut quelque chose.