Scène III
Le chagrin de l’absence est cruel quand on aime,
Cousine, je te plains.
Il doit sitôt cesser,
Que je n’aurai pas trop le loisir d’y penser.
D’ailleurs, j’ai tant de part à prendre dans ta joie…
Tu m’aimes, et je sais ce qu’il faut que j’en croie.
Mais que t’a dit Oronte ? Il a vu le Marquis.
Que sert de te parler, si ton dessein est pris ?
Il te plaît, c’est assez.
Mais quoiqu’il m’ait su plaire,
Si tu m’ouvrois les yeux…
Vois-tu ? Je suis sincère,
Et le te dirois plus que tu ne dois savoir.
Quels défauts a-t-il vus ?
Tout ce qu’on en peut voir,
Une vanité sotte, un esprit ridicule.
Ah, pour l’esprit, permets que je sois incrédule,
Je m’y connois un peu ; pour quelque vanité
C’est un vice ordinaire aux gens de qualité,
Et peut-être est-il bon, quoi que le monde en cause,
De croire quelquefois que l’on vaut quelque chose.