Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/368

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Carlin

Monsieur, c’est qu’elle a craint qu’Olimpe… Dans son âme
Si vous connoissiez bien ce que l’amour. Madame,
Vous direz mieux vous-même à Monsieur le Marquis…

Virgine

Ne le juge-t-il pas ? J’aurois fait encor pis
Si pour remédier au mal qui me tourmente
Il n’avoit pas suffi de me faire Suivante.
Olimpe en cherchoit une, et j’ai sans hésiter
Employé mon adresse à me faire accepter.
Restant chez moi sans vous, mon amour en alarmes
Eût de votre Bourgeoise appréhendé les charmes,
Et pour peu de pitié que son malheur nous fît,
Vous croyant son Époux, j’aurois perdu l’esprit.
Ici présente à tout je soutiendrai peut-être
Les bontés que déjà vous m’avez fait paroître,
Voyant ce que je fais vous me préférerez.

Le Marquis

J’ai de ravissement les sens tout égarés.
Carlin, ai-je don de charmer les mieux faites ?
Des Comtesses pour moi se changer en Soubrettes,
Se résoudre à servir plutôt que hasarder
Qu’une autre seul à seul puisse me regarder ?
Je vaux trop, Dieu me sauve.

Virgine

Ai-je l’heur de vous plaire
Par ce que vous voyez que l’amour m’a fait faire ?

Le Marquis

Il vous a fait choisir un emploi des plus bas,
Mais enfin c’est pour moi, vous ne le perdrez pas.

Virgine

Pourvu que vous rompiez, et qu’Olimpe ait la honte…

Le Marquis

Laissez faire, à présent la Bourgeoise à son compte ;
Mais pour la faire rire, et vous mettre en repos,
Je prétends devant vous lui dire quatre mots,
Elle les entendra.