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ACTE III



Scène I


Amalasonte, Honoric, Gepilde.

AMALASONTE.

Il vous étoit permis d’en croire cette estime,
Par elle je rendois votre espoir légitime ;
Et vous voir, sans m’en plaindre, aspirer à la foi,
C’étoit sur cet Hymen vous répondre de moi.
Ainsi dans ces devoirs que tant d’amour seconde,
Vous n’aviez contre vous que le cœur d’Ildegonde ;
Il est fier, orgueilleux, difficile à toucher ;
Et quand vers vous enfin vos soins l’ont fait pencher,
Prêt à faire éclater cette noble victoire,
Vous devez d’autant plus en estimer la gloire,
Que personne avant vous par ses plus tendres vœux
N’avoit pu mériter ce qui vous rend heureux.

HONORIC.

Je sais qu’en ma faveur rien ne la sollicite ;
Mais l’amour aux amants tient lieu de vrai mérite,
Madame, il persuade, et c’est un sûr appui,
Pour confondre un Rival, que d’aimer plus que lui.
La Princesse à ma flamme a dû quelque justice ;
Et quand à son succès je vous trouve propice,
Mes vœux dont vos bontés autorisent l’ardeur,
N’ont plus pour le hâter qu’à ménager son cœur.
Soufrez-le moi, Madame, et qu’à tant d’espérance
De mes brûlants désirs joignant l’impatience,
J’engage la Princesse à ne point retarder
Le glorieux moment…

AMALASONTE.

Je viens de la mander,