Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/416

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Elle est prompte, et ce m’est une surprise extrême
De vous trouver sitôt différent de vous-même.
Quoi, vous qui d’Honoric favorisant l’espoir,
Me demandiez tantôt…

THÉODAT.

Je croyois le devoir ;
Mais j’ai songé depuis que la paix désirée
Pour vos peuples encor n’est pas bien assurée,
Et que si Belissaire est ailleurs arrêté,
Pour n’avoir rien à craindre il nous faut un traité.
L’Empereur peut l’offrir, et dans ces occurrences
Vous savez que l’État a besoin d’alliances.
Ildegonde a l’honneur d’être de votre sang,
Son destin l’asservit aux devoirs de son rang,
Et peut-être ce n’est que par son hyménée
Qu’on verra pleinement la guerre terminée.
Justinian honteux de nous combattre en vain,
Pour un nouveau César peut demander sa main.

AMALASONTE.

Sans doute, j’aime à voir que Théodat se pique
D’une si salutaire et noble Politique.
L’empereur, il est vrai, s’il se porte à la paix,
Nous peut sur quelque hymen expliquer ses souhaits ;
Mais ma main, quelque rang que la Princesse tienne,
Est encor à donner, et vaudra bien la sienne.
Si je vous ai permis, preste à vous nommer Roi,
L’audace d’élever vos regards jusqu’à moi,
L’ardeur que pour l’État votre soin fait paroître
Souffrira sans chagrin le choix d’un autre maître.

THÉODAT.

Madame, à tant d’orgueil pourrois-je m’emporter,
Que…

AMALASONTE.

Je vois Ildegonde, il la faut écouter.