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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/604

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PHÈDRE.

Je doute qu’Ariane, encor que méprisée,
Veuille par votre hymen se venger de Thésée ;
Et si ce changement vous permet d’espérer,
Il ne faut pas, Seigneur, vous y trop assurer.
Mais quoi qu’elle résolve après la perfidie
Qui doit tenir pour lui sa flamme refroidie,
Qu’elle accepte vos voeux, ou refuse vos soins,
La gloire vous oblige à ne l’aimer pas moins.
Vous lui pouvez toujours servir d’appui fidèle,
Et c’est ce que je viens vous demander pour elle.
Si le Crète vous force à d’injustes combats,
Au courroux de Minos ne l’abandonnez pas.
Vous savez les périls où sa fuite l’expose.

OENARUS.

Ah, pour l’en garantir, il n’est rien que je n’ose,
Madame, et vous verrez mon Trône trébucher
Avant que je néglige in intérêt si cher.
Plût aux Dieux que ce soin la tînt seul inquiète !

PHÈDRE.

Voyez dans quels ennuis ce changement la jette…
Son visage vous parle, et sa triste langueur
Vous fait lire en ses yeux ce que souffre son cœur.


Scène II

.
OEnarus, Ariane, Phèdre, Nérine

OENARUS.

Madame, je ne sais si l’ennui qui vous touche
Doit m’ouvrir pour vous plaindre, ou me fermer la bouche.
Après les sentiments que j’ai fait voir pour vous,
Je dois, quoi qui vous blesse, en partager les coups ;