Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/619

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Mais, Madame, je puis être mal averti.

ARIANE.

Et de quoi, Prince ?

PIRITHOÜS.

On dit que Thésée est parti.
Par là vous seriez libre.

ARIANE.

Ah, que viens-je d’entendre ?
Il est parti, dit-on ?

PIRITHOÜS.

Ce bruit doit vous surprendre.

ARIANE.

Il est parti ! Le Ciel me trahiroit toujours !
Mais non ; que deviendroient ses nouvelles amours ?
Ferait-il cet outrage à l’Objet qui l’enflamme ?
L’abandonneroit-il ?

PIRITHOÜS.

Je ne sais ; mais, Madame,
Un vaisseau cette nuit s’est échappé du Port.

ARIANE.

Ce n’est pas lui sans doute, on le soupçonne à tort.
Peut-être est-il parti sans que le Roi le sache ?
Sans que Pirithoüs à qui rien ne se cache,
Sans qu’enfin… Mais de quoi me voudrois-je étonner ?
Que ne peut-il faire ? Il m’ose abandonner,
Oublier un amour, qui toujours trop fidèle
M’oblige encor pour lui…