Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il pense à vous sans cesse , s’il avoit cent cœurs....

Angélique


Quand il peut me parler il me dit des douceurs,

Mais son sexe partout doit ce tribut au nôtre.

Philipin

Mon maître,croyez-moi,n'est point fait comme un autre.

A moins qu'on ne lui plaise et plaise tout de bon

Jamais sur la fleurette il ne règle son ton.

Angélique


Jamais? et quelquefois il en conte à ma tante.

Philipin


C'est là de son amour la preuve convaincante.

Il n'est pas de ces gens si fort abandonnés

Qu'il doive être réduit aux attraits surannés ;

Et si par votre tante, aussi vieille que folle,

Il se laisse arracher quelque douce parole,

S'y pourroit-il résoudre à moins que de savoir

Qu'on n'obtient que par là le plaisir de vous voir?

Mais que doit-il attendre enfin, que lui dirai-je?

Angélique


Que j'ai lu son billet.

Philipin

Le rare privilège !

N'aurons-nous rien de plus?

Angélique

Quoi! tu n'es pas content?

Philipin

La plus indifférente en feroit bien autant ;

Ce n'est que savoir lire.

Angélique

Un jour viendra peut-être...

Philipin

Un peut-être n'est point ce que cherche mon maître.


Scène II


Angélique, lisette, Philipin.

Lisette