Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/276

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Sans pouvoir de Glaucus mériter un soupir ?
C’est là surtout ce qui m’outrage.
La Fille du Soleil tient-elle un rang si bas,
Qu’ayant offert son cœur, elle ne vaille pas
Qu’un Dieu comme Glaucus se fasse un avantage
De soupirer pour ses appas ?
Lui-même qui me traite avec tant d’arrogance,
Qu’étoit-il qu’un Pêcheur, avant que le Destin
Lui fît des Dieux partager la puissance ?
Ne nous démentons point, et jusques à la fin,
De l’affront qu’on me fait poursuivons la vengeance.

dorine

Que pouvez-vous contre l’être Divin ?

circé

Encor si Galatée, ou quelque Néréide
Avait disposé de son cœur,
Je me plaindrois de mon malheur,
Et du courroux du Ciel qui contre moi décide,
Le rang de ma rivale adouciroit l’aigreur.
Mais que Silla sur moi l’emporte,
Qu’il m’ose de Silla…

dorine

Madame, je le vois.
Calmez l’ennui qui vous transporte,
Et contre une douleur si forte,
De vous-même pour vous daignez prendre la loi.



Scène VIII


GLAUCUS, CIRCÉ, DORINE.


glaucus

Le Ciel enfin s’explique, et vous le devez croire,
Madame, contre vous il a donné l’arrêt.
Il veut que ma constance éternise ma gloire,
Et je dois pour Silla vouloir ce qui lui plaît.