Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/327

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AU LECTEUR.


Après avoir fait paroître dans Circé une partie de ce que le théatre a de plus pompeux pour la beauté des machines, j’ai crû que le public ne seroit pas fâché d’être diverti par les agrémens qu’une matiére galante est capable de recevoir. C’est ce qui m’a fait choisir le sujet de l’Inconnu, où vous ne trouverez point ces grandes intrigues qui ont accoutumé de faire le nœud des comédies de cette nature, parce que les ornemens qu’on m’a prêtés demandant beaucoup de temps, n’ont pû souffrir que j’aie poussé ce sujet dans toute son étendue. Si ce retranchement d’incidens est un défaut, il est réparé par quantité de choses agréables qui forment les divertissemens que l’Inconnu donne à sa maîtresse. Je me suis servi des noms de la comtesse, du marquis, du chevalier, & du vicomte, comme s’accommodant mieux à l’oreille, & étant plus de notre usage que les noms de roman dont on se sert quelquefois pour les piéces d’invention. Vous trouverez ici le cinquiéme acte plus rempli qu’il ne l’est dans la représentation, où le marquis se contente de promettre la comédie à la comtesse. J’en fais un divertissement effectif qu’il lui fait donner sur le petit théatre, sous le titre de l’Inconnu. Il consiste en trois scénes fort courtes, qui regardent l’embarras de Psyché enlevée par l’Amour dans un palais magnifique, où rien ne manque à ses plaisirs, que la satisfaction de connoître l’amant qui prend soin de les lui procurer ; & comme cet incident n’éloigne point l’idée des fêtes galantes du marquis, je m’en sers pour dénouer plus agréablement l’avanture de la comtesse.