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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/347

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La Comtesse.

Mes soupçons sont d’abord tombés sur le marquis,
Il m’aime, il est galant ; mais ses gens qu’on épie,
Demeurent en repos dans son hôtellerie,
Et n’y passeroient pas tout le jour sans emploi,
Si leur Maître faisoit tant de fêtes pour moi.
D’ailleurs, qu’a-t-il besoin d’user de cette adresse ?
Je souffre que son cœur m’explique sa tendresse ;
Et, depuis mon veuvage, à me plaire attaché,
Quand il m’a divertie, il ne s’est point caché.

Olympe.

Soupçonner le marquis ! Non, non, quoi qu’il pût faire,
Son amour si long-temps auroit peine à se taire ;
Et voyant votre peine, un sourire indiscret,
De ses soins applaudis trahiroit le secret.
Il vous parle à toute heure.

La Comtesse.

Il vous parle à toute heure.Et si notre vicomte
S’étoit avisé…

Olympe.

S’étoit avisé…Lui ?

La Comtesse.

S’étoit avisé…Lui ?Que j’en aurois de honte !
C’est un fatigant homme.

Olympe.

C’est un fatigant homme.Il va jusqu’à l’excès.

La Comtesse.

Il doit venir m’instruire ici de mon procès.

Olympe.

Vous pouvez seule à seul lui donner audience ;
Car pour moi je déserte, & suis sans complaisance.

La Comtesse.

Et ne pouvez-vous pas en rire comme moi ?

Olympe.

Non, ces sortes d’Amans… Mais qu’est-ce que je vois ?
Madame…