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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/366

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Vous le voyez en moi qui parois en ce lieu
Pour vous jurer obéissance.
Je suis un grand maître en festins,
À les bien ordonner on connoît mon génie,
Et l’Amour, dont le goût fut toujours des plus fins,
Voulant en bonne compagnie
Vous donner un régale approchant des divins,
M’a fait maître-d’hôtel de la cérémonie.
C’est un dieu, quoique très-petit,
À qui l’on peut céder sans honte.
Marchez sous sa conduite, & rendez-vous plus prompte
À faire tout ce qu’il vous dit,
Vous y trouverez votre compte.

La Comtesse.

Sur l’espérance des douceurs
Dont l’Amour doit combler nos cœurs,
Quand une fois il s’en empare,
Je suivrois volontiers ses pas,
Mais comme il est enfant, j’ai peur qu’il ne s’égare,
Et j’aime à ne me perdre pas.

Comus.

Avancez, il est temps. Vîte, que l’on commence.


[Il fait signe à des paysans qui s’avancent, & qui forment un berceau composé de dix figures isolées en forme de termes de bronze doré, cinq de chaque côté, l’une d’homme, & l’autre de Femme, tenant chacune en l’une de leurs mains un bassin de porcelaine rempli de toute sorte de fruits en pyramide. Ces figures depuis la ceinture, se terminent en guaines, & ces guaines sont environnées de pampres de vigne chargés de raisins. Chaque figure est portée sur son piédestal de marbre d’orient, où il y a de petites consoles dans les saillies qui soutiennent des porcelaines de différentes manieres, remplies de pyramides de fruits aussi beaux que les autres. Du milieu de ces consoles pendent des festons de fleurs. Toutes les figures de ce berceau portent sur leurs