Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/449

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Alcidon.

L’amour est un dieu charmant,
Qui pour plaire n’a qu’à paroître ;
Mais il s’offre à vous vainement,
Dans votre cœur sa flamme ne peut naître.
Si sous un long déguisement
Un inconnu cherche à s’en rendre maître,
Pourquoi chercher à connaître l’amant,
Quand l’Amour est un dieu qu’on ne veut pas connoître ?

Aminte.

Pour un invisible
Quel cœur est sensible ?
Il soupire inutilement ;
Four un invisible
Quel cœur est sensible ?
Prend-on de l’amour sans connoître l’amant ?

Alcidon.

D’un doux soupir, d’un tendre espoir
Flattez son martyre,
Vous allez voir
Qu’il brûle de dire
Ce secret qu’il fait tant valoir.

Aminte.

Ah ! S’il brûle de m’en instruire,
Adieu, berger, adieu, je n’en veux rien savoir.


Air chanté par la bergere.

Profitons des plaisirs
Que l’amour nous présente,
De ses tendres desirs
Il n’est point d’ame exempte ;
La moins diligente
Perd le meilleur temps ;
Et telle est à quinze ans,
Qui devient coquette à trente.