L’amour est un dieu charmant,
Qui pour plaire n’a qu’à paroître ;
Mais il s’offre à vous vainement,
Dans votre cœur sa flamme ne peut naître.
Si sous un long déguisement
Un inconnu cherche à s’en rendre maître,
Pourquoi chercher à connaître l’amant,
Quand l’Amour est un dieu qu’on ne veut pas connoître ?
Pour un invisible
Quel cœur est sensible ?
Il soupire inutilement ;
Four un invisible
Quel cœur est sensible ?
Prend-on de l’amour sans connoître l’amant ?
D’un doux soupir, d’un tendre espoir
Flattez son martyre,
Vous allez voir
Qu’il brûle de dire
Ce secret qu’il fait tant valoir.
Ah ! S’il brûle de m’en instruire,
Adieu, berger, adieu, je n’en veux rien savoir.
Profitons des plaisirs
Que l’amour nous présente,
De ses tendres desirs
Il n’est point d’ame exempte ;
La moins diligente
Perd le meilleur temps ;
Et telle est à quinze ans,
Qui devient coquette à trente.