Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/158

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Krupp versa à l’accusé Rosenberg 20.000 mark pour répandre à l’étranger la propagande nazie. Dans un mémorandum du 12 octobre 1939, une personnalité de la firme Krupp, offrit d’expédier à l’étranger des brochures de propagande, aux frais de Krupp.

Une fois la guerre déclarée, les deux Krupp, von Bohlen et Alfried, directement responsables, poussèrent l’industrie allemande à violer les traités et le Droit international, en employant des travailleurs réduits en esclavage, requis et importés de presque tous les pays occupés par l’Allemagne, et en obligeant des prisonniers de guerre à fabriquer des armes et des munitions, destinées à être utilisées contre leur propre pays,

Il est amplement prouvé que les ouvriers détenus chez Krupp étaient sous-alimentés et surmenés, traités de façon abusive et inhumaine. Des documents saisis montrent qu’en septembre 1944, les usines Krupp employaient 54.990 travailleurs étrangers et 18.902 prisonniers de guerre.

De plus, les Sociétés Krupp ont profité largement de la destruction de la paix dans le monde, en soutenant le programme nazi.

Le réarmement de l’Allemagne procura à Krupp d’énormes commandes et des profits correspondants. Avant que les nazis aient commencé à menacer la paix, les Krupp supportaient un déficit important, mais les bénéfices nets, déductions faites des impôts, des dons et des réserves, s’accrurent constamment avec l’effort du réarmement nazi. Les voici :

  Pour la fin de l’année :
30 septembre 1935 
57.216.392 mark.
30 septembre 1938 
97.071.632
30 septembre 1941 
111.555.216

Le chiffre d’affaires des usines Krupp est passé de 75.962.000 mark, au 1er octobre 1933, à 237.316.093 mark, le 1er octobre 1943. Ces chiffres comprennent même plusieurs usines en activité dans les pays occupés, portées en comptabilité pour un mark seulement chacune. Ils sont sujets au réajustement et aux discussions habituels dans les bilans de chaque entreprise importante, mais reflètent approximativement l’état du capital et des opérations.

Les services rendus par Alfried Krupp, von Bohlen et leur famille en vue de la réalisation des buts de guerre du parti nazi ont été si exceptionnels, que les entreprises Krupp ont été exemptées des nationalisations d’industries prévues. Hitler déclara qu’il était « disposé à prendre toutes les mesures possibles destinées à sauvegarder la continuité de l’affaire sous sa forme d’entreprise familiale ; le plus simple serait de promulguer une loi Krupp pour commencer ». Après de courtes négociations, ce fut fait.