Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/216

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« La question qui se pose n’est pas de se rendre maître de populations, mais de s’emparer de terrains utilisables pour l’agriculture. Notre but serait aussi de chercher en Europe et dans les pays limitrophes de l’Allemagne, plutôt qu’au delà des mers, des territoires riches en matières premières, et cet objectif devrait être atteint en une ou deux générations… L’Histoire de tous les temps — empire romain, empire britannique — a prouvé que toute expansion territoriale doit être effectuée en brisant une résistance et en courant des risques. On ne peut même éviter certains échecs ; pas plus autrefois qu’aujourd’hui, il n’a été possible de s’approprier de l’espace sans l’enlever à son possesseur auquel celui qui attaque se heurte toujours. »

Il termina par la remarque suivante :

« La question qui se pose pour l’Allemagne est de savoir où la plus grande conquête pourrait être acquise au prix le plus bas. »

Rien ne pourrait indiquer plus clairement les intentions belliqueuses qu’avait Hitler, et les événements qui suivirent montrent la réalité de ses desseins. Il est impossible d’admettre, comme on l’a prétendu, qu’en fait il ne voulait pas la guerre ; en effet, après avoir remarqué que l’Allemagne pouvait s’attendre à l’opposition de l’Angleterre et de la France, et après avoir analysé les forces et les faiblesses de ces nations, il continua en ces termes :

« Le problème allemand ne peut être résolu que par la force, et ceci n’est jamais sans risque… Si les considérations qui vont suivre demeurent inspirées principalement par notre décision d’utiliser la force avec les risques que cela comporte, alors il ne nous reste plus qu’à répondre aux questions « quand » et « où ». À cet égard, il nous faut choisir entre trois éventualités différentes. »

La première de ces trois éventualités, telle que Hitler la présenta, était une situation internationale hypothétique dans laquelle il agirait au plus tard entre 1943 et 1945 :

« Si le Führer vit encore, dit-il, alors sa décision irrévocable sera de donner une solution au problème de l’espace allemand, au plus tard entre 1943 et 1945. On verra dans les éventualités 2 et 3 les conditions dans lesquelles il serait nécessaire d’agir avant 1943 et 1945. »

La seconde et la troisième éventualité que Hitler envisagea montrent l’intention arrêtée de s’emparer de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie. À ce sujet, il s’exprima ainsi :

« Pour l’amélioration de notre situation militaire et politique, notre premier objectif, au cas où nous serions entraînés à la guerre, doit être de conquérir la Tchécoslovaquie et l’Autriche simultanément, pour supprimer toute menace venant de flanc, si jamais nous avancions vers l’Ouest. »