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L’AGRESSION CONTRE LA YOUGOSLAVIE ET LA GRÈCE.

Le 12 août 1939, Hitler, lors d’un échange de vues avec Ciano et von Ribbentrop à Obersalzberg, déclara :

« D’un point de vue général, le mieux serait de liquider les neutres l’un après l’autre. Mais nous pourrions le faire plus facilement si, chaque fois, l’un des partenaires de l’Axe protégeait l’autre pendant qu’il s’occupe du neutre indécis. L’Italie devrait considérer la Yougoslavie comme un neutre de cette espèce. »

Cette remarque fut faite seulement deux mois après les assurances que Hitler avait données à la Yougoslavie, aux termes desquelles il considérait les frontières de ce pays comme définitives et inviolables. À l’occasion de la visite en Allemagne du Prince Régent de Yougoslavie, le 1er juin 1939, Hitler avait publiquement déclaré :

« Les relations de confiance, qui se sont finalement établies entre l’Allemagne et la Yougoslavie depuis que les événements historiques nous ont faits voisins et nous ont donné une frontière commune fixée pour toujours, garantiront non seulement une paix durable entre nos deux peuples, mais représenteront aussi un élément de calme sur notre continent tourmenté. Cette paix est le but de tous ceux qui sont disposés à faire un travail vraiment constructif. »

Le 6 octobre 1939, l’Allemagne renouvelait ces assurances après que Hitler et von Ribbentrop eurent échoué dans leurs efforts pour décider l’Italie à entrer en guerre aux côtés de l’Allemagne, en attaquant la Yougoslavie. Le 28 octobre 1940, l’Italie envahissait la Grèce, mais ses opérations militaires ne furent pas couronnées de succès. En novembre, Hitler, écrivant à Mussolini au sujet de cette invasion et de l’extension de la guerre dans les Balkans, lui faisait remarquer que des opérations militaires ne pourraient pas être entreprises dans ces régions avant le mois de mars de l’année suivante et que la Yougoslavie devait donc, si cela était possible, être conquise par d’autres méthodes. Cependant, le 12 novembre 1940, Hitler publiait des directives militaires où l’on peut lire :

« Les Balkans : le Commandant en chef de l’Armée se préparera à l’occupation de la Grèce continentale, au nord de la mer Égée, en l’envahissant, au besoin, par la Bulgarie. »

Le 13 décembre, une autre directive concernant l’opération « Marita » (nom conventionnel désignant l’invasion de la Grèce) disait :

« Le résultat des combats en Albanie n’est pas encore décisif. En raison de la situation périlleuse dans ce pays, il est doublement nécessaire que la tentative britannique de créer des bases aériennes sous la protection d’un front balkanique échoue complètement, en raison du danger que ce front présenterait pour l’Italie et pour les champs pétrolifères roumains.