Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/341

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notamment des guerres contre la Pologne et l’Union Soviétique ; il peut, en conséquence, être déclaré coupable des crimes visés par le deuxième chef de l’Acte d’accusation.


Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

En sa qualité de sous-secrétaire au ministère de la Propagande et de vice-président de la Chambre de culture du Reich, Funk avait pris part, dès le début, au programme nazi de mesures d’exception appliquées aux Juifs, sur le plan économique. Le 12 novembre 1938, après les pogroms qui eurent lieu au cours de ce mois, il assista à une réunion tenue sous la présidence de Göring, afin de discuter la solution du problème juif et proposa qu’un décret fût pris pour exclure les Juifs de toute activité commerciale, décret que Göring publia le jour même dans le cadre du Plan de quatre ans. Dans sa déposition, Funk a déclaré qu’il avait été choqué par les excès du 10 novembre ; on sait pourtant qu’il prononça, le 15 novembre, un discours dans lequel il décrivait ces excès comme « l’expression violente du dégoût qu’inspirait au peuple allemand l’attaque criminelle que les Juifs dirigeaient contre lui » ; il y affirmait aussi que l’exclusion totale des Juifs de toute activité économique devait logiquement découler de leur exclusion de la vie politique.

En 1942, Funk conclut avec Himmler un accord aux termes duquel la Reichsbank devait recevoir des SS certaines quantités d’or, de bijoux et de devises ; il ordonna à ses subordonnés, qui allaient fixer les détails de cet accord, de ne pas poser trop de questions. En application de cette convention, les SS envoyèrent à la Reichsbank tout ce qui avait appartenu aux personnes exterminées dans les camps de concentration. La Reichsbank gardait l’argent et les billets de banque et envoyait les bijoux, montres et autres effets personnels aux monts-de-piété de la municipalité de Berlin. Quant à l’or provenant des montures de lunettes ou arraché aux dentitions, il était déposé dans les sous-sols de la Reichsbank. Funk a affirmé n’avoir eu connaissance d’aucun de ces dépôts. Le Tribunal estime, néanmoins que, ou bien il avait connaissance de ce que la Reichsbank recevait, ou bien il fermait délibérément les yeux sur ce qui se passait.

En tant que ministre de l’Économie nationale et président de la Reichsbank, Funk participa à l’exploitation économique des territoires occupés. Il était président de la Compagnie continentale des Pétroles, chargée de l’exploitation des gisements pétrolifères des territoires de l’Est. Il fut responsable de la saisie des réserves d’or de la Banque nationale tchécoslovaque et de la liquidation de la Banque nationale yougoslave. Le 6 juin 1942, son représentant adressa à l’OKW une lettre demandant que des fonds fussent