Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/353

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limite permise. Ces violations, ainsi que celles de l’Accord naval germano-britannique de 1935, ont été analysées dans une autre partie du Jugement.

Raeder reçut de von Blomberg les directives du 24 juin 1937, qui prescrivirent d’effectuer des préparatifs spéciaux en vue de la guerre contre l’Autriche. Il fut l’une des cinq personnalités présentes à la conférence du 5 novembre 1937, dite « Conférence de Hossbach ». Il prétend que, lors de cette réunion, Hitler désirait seulement stimuler l’Armée afin d’obtenir un réarmement plus rapide. Raeder affirme aussi que, personnellement, il croyait que les questions d’Autriche et de Tchécoslovaquie seraient réglées de manière pacifique, ainsi qu’elles l’ont été d’ailleurs, ajoute-t-il. Il cite également l’accord naval qui venait d’être signé à ce moment-là. Il ne reçut aucune directive en vue d’accélérer la construction des sous-marins et en conclut que Hitler ne préparait pas de guerre.

Raeder reçut les directives concernant le « Cas Vert » et le « Cas Blanc » à partir du 3 avril 1939 ; la première ordonnait à la Marine de seconder l’Armée de terre par une intervention navale. Raeder fut l’un des chefs militaires présents à la réunion du 23 mai 1939 et, le 22 août, il prit part à la réunion d’Obersalzberg au cours de laquelle furent données les directives générales.

C’est dans l’esprit de Raeder et non dans celui de Hitler que prit naissance l’idée d’envahir la Norvège. En dépit du désir, exprimé par Hitler dans sa directive d’octobre 1939, de maintenir la neutralité de la Scandinavie, la Marine examina dès cette époque l’avantage qui résulterait de l’établissement de bases navales dans ces parages. L’amiral Karls fit valoir tout d’abord auprès de Raeder l’intérêt de bases situées en Norvège, Un questionnaire, en date du 3 octobre 1939, fut distribué à la Direction des opérations navales en vue de recueillir des informations sur l’utilité de ces bases. Le 10 octobre, Raeder discuta de ces questions avec Hitler ; il note, à cette date, dans son journal de guerre, que Hitler avait l’intention de prendre l’affaire en considération. Quelques mois après, ce dernier s’entretint avec Raeder, Quisling, Keitel et Jodl ; en même temps que l’OKW commençait à dresser des plans, l’État-Major de la Marine travaillait en liaison avec les officiers d’État-Major de l’OKW. Raeder reçut, le 27 janvier 1940, l’ordre de Keitel concernant la Norvège et, le 1er mars, l’ordre que Hitler donna ensuite.

Raeder tente de justifier son activité en affirmant qu’il s’agissait d’une opération destinée à devancer les Britanniques. Il n’est pas utile de revenir sur ce moyen de défense que le Tribunal a déjà réfuté en concluant que l’invasion allemande de la Norvège et du Danemark constituait une guerre d’agression. Dans une lettre adressée à la Marine, Raeder déclarait : « Les opérations navales liées à l’occupation de la Norvège resteront à tout jamais la grande contribution apportée par la Marine à cette guerre ».