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TABLEAU DE LA FRANCE


fait, le véritable defensor civitatis. L’évêque Izarn chassa les Sarrasins du Dauphiné en 965 ; et jusqu’en 1044, où l’on place l’avénement des comtes d’Albon, comme dauphins, Grenoble, disent les chroniques, « avait toujours été un franc-aleu de l’évêque. » C’est aussi par des conquêtes sur les évêques que commencèrent les comtes poitevins de Die et de Valence. Ces barons s’appuyèrent tantôt sur les Allemands, tantôt sur les mécréants du Languedoc[1].

Besançon[2], comme Grenoble, est encore une république ecclésiastique, sous son archevêque, prince d’empire, et son noble chapitre[3]. Mais l’éternelle guerre de la Franche-Comté contre l’Allemagne, y a rendu la féodalité plus pesante. La longue muraille du Jura avec ses deux portes de Joux et de la Pierre-Pertuis, puis les replis du Doubs, c’étaient de fortes barrières[4]. Cependant Frédéric Barberousse n’y établit pas moins ses enfants pour un siècle. Ce fut sous les serfs de l’Église, à Saint-Claude, comme dans la pauvre Nantua de l’autre côté de la montagne, que commença l’industrie de ces contrées. Attachés à la glèbe,

  1. D’abord les Vaudois plus tard les protestants. Dans le seul département de la Drôme, il y a environ trente-quatre mille calvinistes (Peuchet). On se rappelle la lutte atroce du baron des Adrets et de Montbrun. — Le plus célèbre des protestants dauphinois fut Isaac Casaubon, fils du ministre de Bourdeaux sur le Roubion, né en 1559 ; il est enterré à Westminster.
  2. L’ancienne devise de Besançon était : Plût à Dieu ! — À Salins, on lisait sur la porte d’un des forts, où étaient les salines, la devise de Philippe le Bon : Autre n’auray. Plusieurs monuments de Dijon portaient celle de Philippe le Hardi : Moult me tarde. — À Besançon naquit l’illustre diplomate Granvelle, chancelier de Charles-Quint, mort en 1564.
  3. De même à l’abbaye de Saint-Claude, transformée en évêché en 1741, les religieux devaient faire preuve de noblesse jusqu’à leur trisaïeul, paternel et maternel. Les chanoines devaient prouver seize quartiers, huit de chaque côté.
  4. La Franche-Comté est le pays le mieux boisé de la France. On compte trente forêts, sur la Saône, le Doubs et de Lougnon — Beaucoup de fabriques de boulets, d’armes, etc. Beaucoup de chevaux et de bœufs, peu de moutons ; mauvaises laines.