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TABLEAU DE LA FRANCE


ci, disciples du marchand Valdo, Vaudois ou pauvres de Lyon, comme on les appelait, tâchaient de revenir aux premiers jours de l’Évangile. Ils donnaient l’exemple d’une touchante fraternité ; et cette union des cœurs ne tenait pas uniquement à la communauté des opinions religieuses. Longtemps après les Vaudois, nous trouvons à Lyon des contrats où deux amis s’adoptent l’un l’autre, et mettent en commun leur fortune et leur vie[1].

Le génie de Lyon est plus moral, plus sentimental du moins, que celui de la Provence ; cette ville appartient déjà au Nord. C’est un centre du Midi, qui n’est point méridional, et dont le Midi ne veut pas. D’autre part la France a longtemps renié Lyon, comme étrangère, ne voulant point reconnaître la primatie ecclésiastique d’une ville impériale. Malgré sa belle situation sur deux fleuves, entre tant de provinces, elle ne pouvait s’étendre. Elle avait derrière les deux Bourgognes, c’est-à-dire la féodalité française, et celle de l’Empire ; devant, les Cévennes, et ses envieuses, Vienne et Grenoble.

En remontant de Lyon au Nord, vous avez à choisir entre Châlons et Autun. Les Segusii lyonnais étaient une colonie de cette dernière ville[2]. Autun, la vieille cité druidique[3], avait jeté Lyon au confluent du Rhône et de la Saône, à la pointe de ce grand triangle celtique dont la base était l’Océan, de la Seine à la Loire. Autun et Lyon, la mère et la fille, ont eu des destinées toutes diverses. La fille, assise sur une grande route des peuples, belle, aimable et facile, a toujours prospéré et grandi ; la mère, chaste et sévère, est restée seule sur son torrentueux Arroux, dans l’épaisseur de ses forêts mystérieuses, entre

  1. Après avoir rédigé cet acte, les frères adoptifs s’envoyaient des chapeaux de fleurs et des cœurs d’or.
  2. App., 31.
  3. Autun avait dans ses armes d’abord le serpent druidique, puis le porc, l’animal qui se nourrit du gland celtique.