Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/27

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de son labeur, d’oster toute occasion de mocquerie : Moins sert ceste façon d’user d’injures à l’encontre de ceux qu’ils presument devoir estre reprehenseurs de leurs escrits : Car outre ce que cela sent sa cervelle esventee, & trop grande persomption de soy-mesme, pour se vouloir rendre exempt de reprehension, l’on se mocque de tels injurieurs qu’on laisse trier avec l’Anguille de Melun, avant qu’on les escorche : Et Dieu sçait de qu’elle sorte on leur lave les teftes, quand on voit leurs belles raisons si bien rabatuës qu’ils est aisé à voir que se sont fantosmes, si drolatiques, qu’autres qu’eux mesmes ne voudroient prendre la peine de les objecter & refondres. D’autres y a encores qui se plaisent par un long discours, de faire ostentation de leur bien dire, & monstrer comme ils sçavent Amadigauliser, remplisans une page entiere de ce qui se pourroit escrire en deux lignes, qui fait que le Lecteur impatient de telles longueurs, apres avoir baillé trois ou quatre fois ; jetté en fin par terre le livre, & baille au Diable un si grand babillard d’autheur. Mais j’ay grand peur que cependant que je parle des autres, je ne tombe moy-mesme en faute, & qu’on ne die que je vueille faire le Roy des Reprenards : sans adviser à ce livre, si suject à reprehension, qu’il n’y aura pas jusques aux petits grimelins, qui ne se mellent d’en faire un affige au College que en un mot, je fais declaration que je mets ce livre hors de ma maison, & l’expose en public, selon la loy de ceux qui vont en masque : sçavoir pour recevoir patiamment tous brocards, injures, & risees, sans repliquer, ny me faite cognoistre. Tasseurant de ma part que je ne trouveray point estrange, si quelqu’un daigne prendre la peine de taxer & reprendre mes escrits : Veu que c’est, & doit estre, un hazard commun à tous ceux qui mettent leurs