Page:Taché - Les asiles d'aliénés de la province de Québec et leurs détracteurs, 1885.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10

Nos deux asiles de la Province de Québec je le répète, peuvent subir l’examen et la comparaison. Comme sites, Beauport est sans rival et Saint-Jean-de-Dieu a peu d’égaux ; les édifices, d’aspect et d’ampleur, comptent parmi ceux des institutions de première classe ; les terrains et les parterres de Beauport sont superbes et ceux de la Longue-Pointe, plus récemment travaillés, sont déjà très beaux ; les divisions intérieures, le chauffage, l’éclairage, la ventilation sont dans des conditions ou d’excellence ou de bonne moyenne ; la nourriture est saine et abondante ; l’habillement et la literie des aliénés, dont la grande majorité, comme ailleurs, appartient à la classe pauvre, sont très convenables, avec les différences qui partout distinguent les catégories des fous propres et tranquilles, des fous malpropres et gâteux et des fous temporairement violents et destructeurs ; les soins domestiques et la discipline sont doux et marqués au coin de la charité et du respect pour la souffrance et le malheur, sans tomber dans les lubies et les faux dehors des rêves et des utopies ; le traitement moral et physique y est ce qu’il est partout ailleurs en somme. Ces deux asiles ont des médecins ordinaires et des médecins visiteurs ; ils sont régulièrement inspectés par des fonctionnaires nommés par le gouvernement ; on s’efforce d’améliorer, avec le temps et selon les moyens fournis : — quelquefois aussi, on opère des changements, pour obéir aux fantaisies qui ont cours, et ces changements ne sont pas toujours des améliorations, cela s’applique à Ontario comme à Québec. On ne sacrifie point à Psyché, ni à aucune autre divinité fantastique dans ces asiles, on se contente d’être chrétiens, c’est pourquoi on se préoccupe de l’âme des malheureux comme de leurs corps ; des prêtres et des ministres y prennent soin de ceux qui leur appartiennent, chacun à sa manière et selon sa croyance. La tranquillité comparative des aliénés de ces deux asiles est remarquable : on y a eu, comme ailleurs, des accidents à enregistrer, mais ils y sont rares ; la santé des aliénés y est relativement bonne, et les cas de guérisons aussi nombreux que dans Ontario. En tenant compte du fait que, dans ces deux institutions, on admet indistinctement, avec raison selon moi, les cas d’idiotisme, d’imbécillité, de démence comme les cas de folie aigüe, les incurables comme les cas réputés curables, la statistique y accuse un état de choses très