Page:Taché - Les asiles d'aliénés de la province de Québec et leurs détracteurs, 1885.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24

protestants, dans leur établissement, conduiront les choses à leur façon, ils pourront prendre de leur côté, à leur bénéfice exclusif, l’inspecteur qui est sensé aujourd’hui les représenter : alors, nous osons du moins l’espérer, nous aurons la paix.

M. le Dr Tuke parle de Beauport comme il a fait de la Longue Pointe, il n’a point ici de religieuses à insulter, mais il a des propriétaires canadiens-français catholiques en lieu et place, pour lui, c’est à peu près la même chose. Les préférences, les antipathies et les lubies de M. le Dr Tuke sont données comme des vérités absolues, des lois que tout le monde, en Canada, doit accepter sans discussion. Il n’y aurait point deux manières d’envisager les choses ; hors de la non-restraint et de l’administration de son amour, il n’y a pas de bonheur, pas de salut, pas de guérison pour les aliénés. Et, cependant, à la suite de tous les changements que M. le Dr Tuke constate avoir été opérés en Angleterre, pendant quarante ans, il en vient dans ses Chapters, page 490, à avouer : — « But, after all, the question faces us, are there or are there not more insane persons cured in 1881 than in 1841 ?  » Le savant docteur n’ose point résoudre ce chatouilleux problème ; mais, dans ce pathos qui lui est particulier, à la page 492, il mentionne — « the somewhat unfavorable conclusion as the permanent recovery which Dr Thurnam, in a work which will always be a Pharos to guide those who sail on waters where so many are shipwrecked, arrived at, after laborious examination of the after history, of cases discharged recovered from the York Retreat. »

Imaginons la portée d’un pareil résultat dans la York Retreat, fondée et d’abord administrée par M. William Tuke, décrite par M. Samuel Tuke et visitée, pendant je ne sais combien de temps, par M. le Dr Daniel Hack Tuke !

Je viens de dire que l’asile de Beauport a reçu, de la part de M. le Dr Tuke, le même injuste traitement que l’asile de Saint-Jean-de-Dieu. Je me contenterai de remarquer que Beauport est déjà une ancienne institution, qui a subi l’épreuve du temps et qui a passé par toutes les phases d’un développement et d’améliorations progressives qui ont été, d’années en années, l’objet des éloges des Commissaires et des Inspecteurs du gouvernement