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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/130

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VOYAGE

ſon rang & ſa qualité luy donner le ſien, aprés que le Capitaine par honneur a commencé, ou bien ils le percent avec leurs Zagaies.

Les connoiſſances qu’ils ont du Ciel & des choſes naturelles.

On dit qu’ils ſont Aſtrologues & Herboriſtes, & des gens dignes de foy nous aſſûrérent qu’ils connoiſſoient aſſez bien le Ciel, & qu’ils diſtinguoient les Simples, même durant la nuit au toucher & à l’odorat.

Ils sont fi accoûtumés à la liberté, qu’ils ne pouvoient vivre dans aucune contrainte.

Ils ſont jaloux de leur liberté juſques à l’excez. Monſieur le Commandeur nous dit qu’il en avoit voulu apprivoiſer un en le faiſant ſon domestique de jeuneſſe : quand il fut grand, il fallut luy donner ſon congé, qu’il demanda avec inſtance, diſant qu’il ne pouvoit s’aſſujettir à la gêne d’une vie réglée, que les Hollandois & ſemblables nations étoient les Eſclaves de la terre, & que les Hotentots en étoient les maîtres, qu’ils n’étoient point contraints d’avoir continuellement le chapeau ſous le bras & d’obſerver cent coutumes incommodes, qu’ils mangeoient quand ils avoient faim, ſans ſuivre en cela d’autres régles que celle de la nature. Au reſte ils ſont gais, vifs, bruſques dans leurs paroles, & paroiſſent avoir de l’esprit.

Ils ont des coutumes tres-bizarres. Quand une femme a perdu son premier mary, elle doit dans la ſuite ſe couper autant de join-